lundi 23 juillet 2012

PANIQUE AU MUSEE DE CHARTAGE


Le vénérable musée de Carthage en en est tout médusé. Et ses vielles pierres n’en reviennent pas. On lui avait pourtant offert un coup de jeunesse, et jamais on ne l’avait vu aussi beau. Et on lui avait promis que dans ses murs antiques, sur ce site qui est l’un des plus grandioses de la méditerranée, là d’où l’on a pu voir arriver Didon, la fugitive, allaient être réunies, par la grâce da l’art, toutes les composantes de notre Histoire et de notre civilisation. Et peut-être que c’est là dans ce musée, que l’on trouverait la réponse à la question que l’on nous pose, et que nous avons fini par nous poser, en dépit de toutes nos assurances : CHKOUN AHNA 




Qui sommes-nous donc, capsiens, mangeurs d’escargots, puniques coureurs des mers,    
romains, maitres de l’architecture, vandales, moins des chéchias, ottomans raffinés !

Khedija hamdi et Timo Kaabi-linke, les deux commissaires de cette exposition pas comme les autres ont décidé d’y répondre à leur manière, en   invitant  à y réfléchir avec eux des artistes venus de pays historiquement liés à la Tunisie, tels le Liban, pour ses phéniciens, l’Italie , pour les romains, l’Arabie Saoudite, pour les ottomans, la France , pour ses 80 ans sur notre terre, l’Algérie et le Maroc, pour le rêve du grand Maghreb. Tous ont répondu présents à cette invitation, et ont accepté de travailler dans cette optique, créant souvent une œuvre inédite, adaptant une installation, imaginant une performance. Kader Attia, Zineb Sedira, Pauline Mbarek, Felix Ferndez, Lara Favartto sont venus, en personne, ou à travers leur  travail venus, en personne, ou à travers leur travail, participer à cette première exposition d’art contemporain à se télescoper l’actualité et ses origines. Une exposition de ce genre se raconte difficilement : c’est un ensemble  d’impressions, de chocs, de questionnements, de heurts ; et de séductions. Qu’a voulu exprimer Smail Bahri avec ses volutes et ses arabesques d’épingles fichées dans  les murs, ombre d’une ombre, mémoire d’une forme.
L’enfilade de ciseaux de Pascal Hachem est plus expressive, à hauteur de bouche, ils menacent la parole libre, et la langue acérée ;

Que peut donc exprimer le cube de confettis noirs de Lara Favaretto, sinon l’obscurité éphémère et la sombre fragilité du temps présent. Ephémère et parfumé, l’étendard noir aux jasmins de Nadia Kaabi, qui interpelle, inquiète et rassure à la fois : rien de sombre ne peut durer, tout finit dans un parfum de jasmin. Plus hermétiques, les trois teeshirts, bleus blancs  rouges de Saadane Afif, qui avait reçu le prix marcel du champ, ceci expliquant peut-être cela. Et ce lit brisé dont une partie est accrochée sous le plafond, l’autre au sol, symbole d’un septième ciel qui n’a pas duré, ou d’une rupture consommée. Des vidéos, en boucle, nous rappellent que c’est là le dernier média, et racontent à l’infini, au milieu des mosaïques millénaires, que le temps des arts plastiques a bien changé.

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